C'était trop bien...

Le désert et la solitude.
Ce qui m'amuse c'est que Matoo a visité les mêmes endroits à quelques jours d'intervalle.
La seule différence, c'est que lui est parti en voyage très organisé pour jeunes cadres "aérodynamiques".
Moi, je suis parti seul.
J'ai rejoint un groupe, mais je ne connaissais personne.
J'ai certes lié connaissance avec quelques un d'entre eux.
Mais souvent je m'éloignais du groupe et me retrouvais seul, face à moi même.
Je n'oublierai jamais ces nuits dans le désert.
Notamment celle, où mon Ipod vissé sur les oreilles, j'ai marché dans le sable, éclairé par la pleine lune et le ciel étoilé.
Cette lumière de nuit était ensorcelante.
Le brasero des bergers et leurs biquettes finissent de compléter le décor qui permet d'être ailleurs dans sa tête.
J'avais emmené toutes sortes de musiques.
Mais c'est Stanislas et son album tout sucré qui s'est imposé.
Delpech aussi et ses duos originaux.
Au passage Cabrel que je n'aime pas prouve quand même qu'il a de la voix.
Alors que Bénabar et Cali que j'affectionne ont quelques soucis pour tenir la note.
Bref le Nain a l'air un peu cucul comme cela, mais c'est sans doute parce que l'ambiance s'y prêtait.
Le spectacle aussi.
Ces villages de désert.
Les Tunisiens que je n'avais pas visité depuis 20 ans ont bien changé eux aussi.
On sent que ce pays a évolué.
Dans le bon sens.
Le mondialisme est aussi passé par là.
Au fin fond des oasis, les gamins portent du Dolce Gabana ou du Nike.
Faux bien sûr, car ici l'industrie du faux est un port national qu'on va jusqu'à retrouver dans les magasins d'état.
Tout cela mis à part, j'ai resenti enfin le calme.
J'ai pu mentalement décrocher.
Pas de télévision.
Pas de radio.
Pas de news.
Pas d'internet non plus.
Bref, tellement loin de tout que le retour à la civilisation a été comme un crash automobile dans un mur...
Je ne me rendais pas compte de toute cette violence qui m'entoure.
Notamment au bureau.
Les gens avec qui je bosse sont agressifs.
Ils ne prennent pas le temps de réfléchir.
Agissent comme des robots.
Avec le clash au coin de la rue en permanence.
Je travaille dans un média en mutations permanente.
Et de fait le mammouth remue, mais difficilement.
Et à chaque fois il en écrase certains.
Le fait de ne pas m'être privé de désert m'a sans doute ouvert le yeux.
Plutôt que de me faire écraser, je préfère manger la bête.
Ou quitter le navire.
Je vais pour une fois me botter le cul.
Allez le Nain, le mercato des médias est ouvert.
Alors pourquoi pas moi ?