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le blog du nain de jardin masqué
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24 avril 2006

Game over ! Part One ...

Au boulot, c'était la dernière ligne droite.
Ça sentait les vacances.
La grande question était de savoir où nous pourrions bien faire la fête de fin de saison. de tout cela, je m'en foutais un peu. Je laissais faire Sophie, je la laissais toujours faire quoi qu'il arrive !
Le grand patron me pourchassait, il voulait que l'on parle de la rentrée, je ne voulais parler que de mes vacances.
Je voulais simplement fuir.
Karim m'avait donné des envies de désert, d'espaces vierges. d_sert1
Je n'en avais plus rien à foutre de ce sacré audimat accroché dans l'ascenseur qui menait à mon bureau qui puait la clope et les faux culs.
Je voulais des senteurs d'épice, partir vers l'infini, loin de cette civilisation "métro, boulot, salut coco !"
La dernière émission fut un chef d'oeuvre de connerie, on s'est lancé des confettis, de la flotte, on s'est tous embrassés, même ceux qui ne s'aimaient pas et on s'est promis de faire encore mieux l'année prochaine.
La fête a fini tard sur une péniche que Sophie avait réquisitionnée.
J'aurais voulu que Karim soit là, mais
J'avais à subir les assauts du boss qui voulait à tout prix me parler de son idée de rentrée.
S'il savait où il pouvait se la foutre son idée !
Pour le moment je n'avais pas du tout l'envie d'aller au casse-pipe, je ne rêvais que de vacances, on était  vendredi et, demain samedi, j'étais libéré de mes chaînes, de ma chaîne !
J''allais pouvoir m'envoler, survoler ce cloaque des haines et des passions.
Laisser l'hypocrisie les étouffer tous.
ouarzazate_stadÇa sert d'avoir une gueule connue, le petit steward de Royal Air Maroc s'était arrangé pour me trouver deux places dans la journée pour Ouarzazate, décollage en fin d’après-midi, direction ailleurs.
Avec ou sans Karim, je voulais retrouver ses racines pour nourrir un peu les miennes.
A force de prendre sa sève en moi, je voulais pousser pendant quelques jours dans la même terre que lui.
Je voulais ressembler à mon arbre pour m'épanouir enfin au soleil.
Sur mon répondeur, déjà un message du boss qui voulait me voir ce week-end.
Je m'en foutais pas mal.
Au club des cons, il l’aurait été assez, cette fois-ci pour rater la présidence !
Pas de nouvelles de mon petit beur de service par contre.
Tant pis pour lui aussi.
Avant d'aller à l'aéroport, je déposais dans sa boite aux lettres, le billet d'avion ainsi que mon numéro de portable au cas ou ....
A l'heure de mon émission, décalage horaire compris, je savourais un whisky glace en regardant de ma fenêtre d’hôtel l'immensité du désert qui m'attendait.
Fin Juin n'est pas la saison rêvée pour découvrir le Maroc, les allemands en short, les cars bondés de clubs du troisième âge, quelques pédés en mal d'aventures pédo exotiques.
Malgré tout cela, je goûtais longuement aux joies de ces journées chaudes qui commencent tôt et finissent tard.
Le désert me faisait du bien, il étanchait ma soif de solitude et de grands espaces.
Neufs.
Vierges.
Pas de messages non plus de mon petit marocain de service.
Karim avait-il réellement disparu de ma vie ?
Je ne lui en voulais pas, il avait été pour moi le détonateur.
C’est par lui que m’était parvenue l’envie d’autre chose.
C’est grâce à lui que je m’offrais ces moments de plénitude où je me sentais en parfait accord avec moi-même.
Rien ne me manquait à part lui.
Ni mon boulot ...
Pourtant à Paris tout le monde me cherchait.
Ni le sexe ...
Pourtant ce n’étaient pas les occasions qui manquaient ici !
Mais rien, non rien de rien comme disait la chanson ne m’attirait le regard. Même pas le petit brun qui nettoyait la piscine tous les matins. Il me montrait ses belles dents blanches par un sourire ravageur qui semblait en dire long.
Était-ce réellement moi qui l’attirait, ou bien mes traveller’s chèques que tout bon étranger était supposé avoir dans ses bagages?
Tout m’enivrait ici, les odeurs de ces bougainvilliers croisées à chaque détour du grand jardin de l’hôtel.
poudreLes odeurs des épices aussi.
Coriandre, muscade, raz el anhout, douces saveurs exotiques, passeports pour un autre monde de plaisirs olfactifs.
Ici tous mes sens étaient décuplés.
Mes yeux se gavaient de ces couleurs qu’on ne pouvait voir qu’ici et que certains artistes arrivaient à retranscrire dans celles qu’ils donnaient à leurs poteries.
Couleurs, odeurs je vous aurai bien ramenées à paris pour mieux égayer mon décor, pour parfumer ma vie, et me donner l’impression, certains jours, que comme ici, je pouvais arrêter le temps.
Pourtant le temps continuait de s’égrener comme le sable du désert dans ma main.
Paris me réclamait.
Ma messagerie vocale n’en pouvait plus.
Des appels au secours de ma bonne Sophie, qui croulait sous le poids des responsabilités que je lui avais laissées.
Le directeur de la chaîne était furieux.
Pour lui je n’avais pas le droit de disparaître ainsi.
Il pensait peut-être que je lui appartenais.
Alors que je n’avais jamais appartenu à personne.
Enfin, puisque la capitale me réclamait à corps et à cri, il fallait bien me résoudre à rentrer.
Je quittais mon petit coin de paradis avec un immense regret et le sentiment que je n’y reviendrai pas de si tôt.
Avec une impression étrange aussi.
Comme si le bonheur était loin de moi.
Comme si je lui tournais le dos.
Je mettais toutes ces étranges sensations sur le compte de mon appréhension de rentrer à Paris.
L’avion avait atterri au dessus d’une ville déjà dans la pénombre et les petites lumières qui scintillaient plus bas me faisaient penser aux petites lueurs pétillantes que j’avais vues certains soirs briller dans les yeux de Karim, lorsqu’il était heureux dans mes bras.
Et vice-versa.
Sensation étrange que de retrouver Paris.
C’était ma ville, mais ce soir je m’y sentais comme un étranger.
Au chauffeur de taxi, j’avais donné mon adresse, et puis je m’étais enfoncé dans la banquette arrière.
Je m’étais blotti même, regardant défiler les rues de cette ville que je ne reconnaissais pas.
Tout était différent de ce que je venais de vivre.
Les effluves n’étaient plus les mêmes.
Paris me prenait à la gorge.
L’odeur me pénétrait le corps, par tous les pores.
Les gaz d’échappements, le bitume et des odeurs d’égouts qui remontaient me faisaient penser que cette ville que j’aimais, avait parfois de bien sombres côtés.
Ces grandes avenues semblaient bien petites par rapport à mon désert.
Je comprenais maintenant pourquoi parfois mon esprit avait du mal à vagabonder.
Les buildings qui m’entouraient, ces immeubles haussmanniens, limitaient mes rêves.
En tournant la clé dans ma serrure je me dis qu’il était temps d’apporter un peu d'oxygène à ma vie.
To be continued ...

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