Comment peut on encore mourir dans la rue au XXIème siécle ?
Au moment où j'écris ce message, c'est un double sentiment qui m'anime : tristesse et révolte !
Tristesse parce que Mouloud est mort ...
Mouloud est un SDF de mon quartier, cela fait plusieurs années qu'il est dans mon quartier.
Il faisait partie de la vie de tous les habitants du coin la rue Jean Pierre Timbaud et de la rue Saint Maur.
Il voulait apprendre la guitare à une fille; il disait bonjour à une autre.
Mouloud n'avait pas eu que cette vie là.
Il avait eu un chez lui...
Sa femme l'aurait plaqué.
Puis la déchéance.
Il avait travaillé chez Renault.
Il avait travaillé à la maison des métallos.
C'est dire si malgré son prénom c'était bien un titi du onzième le Mouloud !
Hier, alors que je rentrais du sport, je passe à cet angle, Saint Maur, Jean Pierre Timbaud, un tas de fleur attire mon attention, un instant je réalise que la tente de Médecins du Monde n'est plus là et là...
Tristesse; larmes aux yeux et ...
Révolte : Mouloud nous a quittés !
Il nous bel et bien lâchés ce con de Mouloud est parti sans rien dire...
Si ce n'est des mots gentils.
Il dormait là, sur la bouche de chaleur.
Il ne faisait chier personne.
A l'heure ou certains se battent et s'envoient des baffes uniquement pour avoir un toit dans le huitième arrondissement.
Vous savez une maison avec un parc et des coins-coins...
Ben à ce moment là, Mouloud est parti rejoindre les étoiles...
Il se fout maintenant de tous les CPE, les Villepin, Sarko et autres Jospin.Il est parti trouver la sérénité que la société n'a pas voulu lui donner.
Pour Mouloud les habitants se mobilisent...
Pour que ça n'arrive plus ...
Pour qu'il soit enterré dignement.
Il était Kabyle.
Il sera mort loin de chez lui dans l'indifférence de tous...
Ou presque.
Merci au serveur du Chat Noir...
Aux personnes qui se sont réunies l'autre soir...
Aux mots griffonés sur les murs.
Aux fleurs...
Si la vie de Mouloud n'a pas été tous les jours très belle.
Sa mort l'aura été tout de même un peu.
Des Mouloud y'en a dans tous les quartiers, alors messieurs les politiques, quand vous vous rasez le matin, pensez à autre chose, regardez en face la souffrance, avec humanité, et ne laissez plus mourir ces gens, ces gens qui n'ont même plus une voix à vous donner !
Peut être est ce pour cela que vous les oubliez ?