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le blog du nain de jardin masqué
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13 juin 2010

Bonheur en vue, la suite

Chapitre 4 (1/2)

Lorsque j’arrivais dans mon appartement, il me semblait bien que les choses n’étaient plus comme avant. Le répondeur clignotait à faire exploser la petite lumière rouge.
S’il avait été relié au P.C. de la force de frappe, il aurait été grand temps d’aller s’enfouir dans le premier abri antiatomique venu.
La première fusée roquette a exploser sur ma bande magnétique, c’était bien sûr ce bon Louis-Etienne qui se demandait où j’avais pu donc passer.
Dans les premiers messages, le ton était plutôt neutre, mais sur la fin, sa colère s’entendait dans les sifflements de  sa voix.
Le missile scud n’allait pas tarder à atteindre sa cible pour une explosion évidente.
Sophie entre deux messages se larmoyait, se demandant où pouvait être son chef de moins en moins adoré.
Les amis qui me connaissaient bien ne s’étonnaient plus de rien.
Et puis quelques mots qui accrochèrent mon oreille.
Des petits mots qui formaient une plainte.

Pas comme celle des sanglots longs de mon pote Verlaine, non.
Pas un appel au secours non plus.
Le cri d’un petit animal pris au piège, qui appelait à l’aide.
Celui pour qui j’étais parti, loin, était là coincé dans la cage informatique de mon répondeur.
Le message datait d’hier soir, il avait donc bien tenu le bougre.
Une semaine sans donner de nouvelles, c’était fort.
Ce qui m’étonnait le plus, c’est qu’il m’appelait pour crier, lui qui d’habitude était si fort, si fier.

Un appel à l’aide, ce n’était pas courant chez lui.

Tandis que je défaisais mes bagages, je me demandais où j’allais bien pouvoir le retrouver.

Je me disais aussi que je le connaissais bien mal.

J’étais allé sur ses terres pour mieux le comprendre. Mais je ne connaissais pas l’étranger qui était resté dans mon pays.

Il cultivait sa culture, ses origines, se réfugiant parfois derrière le paravent de ses racines pour ne pas avoir à répondre à mes questions.
Sur hier.
Sur aujourd’hui aussi.

Après tout, l’autre soir il m’avait bien avoué qu’il dealait.

De la dope.
Et puis le reste aussi.

N’était-il donc qu’un de ces petits branleurs à la manque ?
Un petit caïd .

J’aurais été déçu de l’apprendre.
Et puis non, ça ne pouvait être cela Karim.

Pas celui qui s’était mis un soir à pleurer dans mes bras.

Un dur ne pleure pas.
Enfin, il paraît.

Moi, je ne devais pas être le dur que certains prétendaient connaître. Souvent, il m’arrivait de pleurer.

Mais seul, sans témoins.

Pleurer juste parce que j’étais content de vivre.

Et cela, vraiment, je ne pouvais pas le montrer.

Dur pour le Viking, d’avouer ses faiblesses.

Difficile pour la statue de ne pas bouger sur un piédestal branlant.

Pourtant parfois. Lorsque les projecteurs étaient éteints et que je me retrouvais seul avec moi même alors je laissais aller mon chagrin de la vie. Mon bonheur d’être simplement là.

Karim me cherchait et il fallait vite que je le retrouve, que je m’occupe de lui.

Je rembobinais le message et j’écoutais attentivement cette fois ci.
Apparemment, l’animal avait mal.

Il n’était pas chez lui.
C’est en tout cas ce que j’avais cru comprendre, il annonçait un numéro de téléphone où l’on me dirait où le trouver. Il fallait simplement que je ne dise pas qui j’étais. Tout juste un membre de la famille qui cherchait à le joindre.
Facile, avec mon accent de petit français bien propre sur lui de se faire passer pour un cousin. Encore heureux que tout cela allait se passer au téléphone.

Parce que le petit viking aurait bien du mal à trouver le look berbère.
J’appelais de mon portable. La liaison serait moins bonne et puis je ne sais pas mais j’avais de plus en plus comme un drôle de pressentiment qui me torturait de l’intérieur.
J’avais les boyaux comme pris dans une machine à laver en train d’essorer à mille deux cents tours minute.

Au bout du fil une voix grave.
Des mots en arabe.

Moi bêtement je demandais où je pouvais joindre Karim.
Une voix jeune, me répétais sans cesse : “Y’a pas de Karim, ici m’sieur. “

Comme ma patience dans ce genre de situation avait des limites.

Au bout d’un moment, je hurlais que je savais que Karim, n’était pas loin, que je pouvais l’aider et à bout d’arguments, je lâchais :

“ Je suis un ami, mais je suis aussi son avocat. “

Pourquoi cela m’était-il venu à l’esprit, je ne sais pas, j’avais du trop regarder ces séries à l’eau de rose diffusées par ma chaîne avant mon émission.

Pourquoi penser que le mot “avocat“ serait le sésame pour rejoindre mon Ali Baba dans sa caverne ?
Maintenant, mon appréhension était plus forte encore.

Je notais fébrilement les coordonnées d’un petit hôtel dans le quartier de la Goutte d’Or, un nom que je ne connaissais pas aussi, je passais un coup de fil à mon avocat, celui qui s’occupait de ma vie et de mes contrats, puis je filais vers ce lieu que je pensais glauque et qui devait l’être vraiment.

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