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le blog du nain de jardin masqué
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6 juin 2010

Bonheur en vue.

Chapitre 3 (1/4)

J’aurai voulu retrouver Charles dans mon sommeil, que j’avais entretenu avec les somnifères.

J’avais rêvé de lui, ou plutôt sa présence avait nourri mes cauchemars.
Qu’étais-je réellement devenu ?
Tout cela en l’espace d’un an. Il avait raison le petit étudiant, parfois je m’apitoyais trop sur mon propre sort.

Je ne réagissais que lorsque je prenais la claque dans la figure.
Aujourd’hui ce n’était pas une gifle, mais une terrible correction .
Je venais de prendre un pan d ma vie dans la tronche, comme si le plafond de l’appartement m’était tombé dessus en même temps que le toit de l’immeuble.
Oui, le vie m’avait gâté.
Oui, j’en avais profité, et là je ne trouvais plus qu’à me plaindre.
Qu’à désespérer de moi.
Pourtant un inconnu comme Charles, avait eu envie de me parler, de me tendre un main secourable.
Pourquoi devais-je à chaque fois refuser ces mains tendues ?
De peur sans doute d’avoir à la tendre un jour moi aussi.

Je n’étais qu’un sale égoïste jouisseur.
Mon plaisir avant tout.
Comme bon nombre de pédés que je détestais, croisés dans des backrooms où leurs bouches et leurs mains cherchaient sans cesse des plaisirs personnels.
Je les détestais, mais je leur ressemblais.
Je faisais partie de la famille.

Mon plaisir perso, était devenu mon malheur intime.

En faisant entrer un soir le plaisir en moi, j’avais aussi fait entrer la douleur et le malheur.

Une tristesse douce et lancinante qui me rongeait le coeur et les cellules.

Quatre lettres pour résumer ma vie.

Sida, comme pour mettre un point final à une existence ordinaire.
La maladie du siècle pour un être qui ne l’avait même pas marqué.
Qui se souviendrait de Jonathan Guibert,  le présentateur des ménagères de moins de cinquante ans ?

Pas même certaines personnes de ma famille avec qui j’avais préféré couper les ponts, pour éviter toute question sur ma vie.

Privée.

Privé d’eux je l’étais.

Mais j’en avais marre de ne pouvoir répondre aux sempiternelles questions concernant la descendance de la famille.
"Jonathan, à trente ans, tu pourrais te marier et avoir des enfants"  me disait ma grand-mère paternelle.
Des enfants, certes j’aurais aimé en avoir, aller me promener avec eux au bois le dimanche, les emmener à la mer.

Leur faire comprendre ce qu’était la vie.
Mais ma sexualité m’avait fait renoncer à tout cela.
Un enfant m’aurait peut-être amené un peu d’humanité.

Celle qui me manquait dans ma vie de tous les jours.
Et puis les enfants
Elle n’était pats naissaient dans les roses, moi aujourd’hui je trouvais qu’ils naissaient dans le morose.
Quel avenir aurai-je pu donner à ma descendance ?
Qu’est ce que sera demain?
De toutes façons, je n’y serai pas.
Sophie soutenait à ceux qui voulaient bien l’entendre, que je n’étais pas celui que l’on croyait.
A ceux qui lui demandaient pourquoi elle travaillait avec un patron aussi tordu, elle répondait invariablement qu’elle avait trouvé celui qui se cachait sous la carapace, et que pour cela elle était prête à subir le reste.
C’était sans doute une des rares femmes que j’aurais pu aimer.
Mais comme moi, sa sexualité avait un jour dévié.
Sophie n’aimait pas les hommes.

Ou tout du moins dans son lit.
Elle n’était pas de ces lesbiennes que j’appelais les camionneurs.
Sophie était une femme, une vraie, sensuelle, et qui ressentait bien les choses.
Les gens.
Ce matin, j’avais envie de la voir.
De lui parler de Karim.
De Charles.
J’avais vraiment trop mal vécu ces dernières semaines.
La vie m’entourait certes, mais la mort aussi.
La danse qu’elle avait esquissé autour de moi avait laissé dans mon coeur des traces noires, indélébiles.

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Commentaires
P
crois tu le nain que le bonheur soit en vue? nous sommes perdus mais est ce pour mieux nous retrouver, nous tes lecteurs?????????
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