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le blog du nain de jardin masqué
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15 août 2006

Ambiances ...

Une tranche de ma vie récente ...

AmbianceUn gros cigare.
Au mur des diplômes.
Le bureau de L. était ce que l'on pouvait attendre d'un patron de média : puissant et racoleur.
Il me regardait fixement avec son sourire habituel.
Paternel.
Car nous étions tous ses enfants.
Il modelait notre vie au gré de ses désirs.
Faisait les uns.
Défaisait les autres.
Ne se souciant pas de nos états d'âme.
Seuls les siens comptaient.
Il ne souciait pas non plus de savoir ce qu'étaient devenus ceux qu'il avait chassé de la lumière.
Lui restait dessous.
Bien figé dans le halo du projecteur.
"Alors Le nain, je vous ai cherché vous savez cette semaine! Où étiez vous petit garnement ?"
Voilà, papa s'était mis à me parler.
"Loin, L.
Loin très loin de tout.
Loin de vous"
J'avais choqué son ego.
Peu de gens osaient l'affronter sur ce terrain.
Miné.
Comme lui de puis trente secondes.
Le fils prodigue était il devenu un rebelle?
Non, cela, il ne pouvait le croire.
Plutôt un caprice de star.
Comme tous les autres qu'il avait déjà eu à gérer.
Un de plus devait il se dire à l'instant.
"Non L., votre super poste je n'en veux pas. Ma case actuelle me convient parfaitement et pour tout vous dire, je n'en veux pas d'autre. Je vous précise tout de suite que d'autres m'ont approché, certes. Je ne suis pas en train de faire monter les enchères. Je veux rester libre. Si tant est que je le sois."
Mes phrases d'habitudes si courtes s'étaient mises les unes derrière les autres sans que je ne comprenne.
Le patron m'avait écouté sans broncher.
En une seule tirade, il avait reçu en pleine figure questions, réponses et affirmations.
Qu'allait il ajouter ?
"Le nain, je ne sais pas ce que vous foutez en ce moment. Mais franchement vous déconnez à pleins tubes. Que vous soyez pédé passe encore. Je m'en fous, mais que votre vie nocturne influence votre travail, là c'est niet ! On ne mélange pas cul et boulot, et je ne veux pas que votre avenir soit dicté par vos conneries. Vous vous devez à nos clients."
Et à la France aussi ?" lui demandais-je.
En un instant je venais de comprendre que je n'étais rien pour cet homme qu'une tranche dans sa programmation.
Qu'un faiseur de part de marché destinée à séduire les ménagères au grand cœur, mais bien pensantes tout de même.
Et pour une fois que venait foutre ma sexualité au milieu de tout cela ?
Certes je ne faisais pas comme mes confrères la une des magazines au bras de plantureuses gonzesses en mal de célébrité.
On ne me "surprenait" pas non plus dans l'intimité de mon appartement en compagnie de ma tendre épouse.
Mais cela n'avait jamais influencé la qualité de mon travail.
S. et moi avions nos moeurs et nos vies.
Nous n'étions pas des militants.
Tout au plus avions nous usé de notre pouvoir pour montrer les homos sous un autre jour.
Nous avions aussi donné un autre visage au Sida.
Mais on ne pouvait pas nous taxer de militantisme.
Ce que venait de faire L. à l'instant présent était d'une telle bassesse...
"Vous voulez me virer L et vous ne savez pas comment ? C'est cela ?"
Partir.
Si j'avais pu je me serai levé tout de suite de ce siége.
Je m'en foutais de moi.
De lui.
De ma carrière.
Et puis il y avait mon équipe.
Je ne pouvais pas les laisser sur la paille à l'heure des renouvellements de contrat.
"Le Nain, soyez sérieux. Je ne vous demande pas cela. J'essaye de vous mettre les points sur les i. Je me suis permis cette remarque car je vous trouve différent depuis peu."
Différent depuis peu.
Moi, en ce moment, je n'avais envie que de grands espaces, de soleil, de rires et de vie à deux.
Je voulais mettre tout ce que j'avais de bien dans une malle.
Pas grand chose de cette vie, rien d'hier ou si peu.
Partir.
J'avais des espoirs pour demain.
Enfin !
Et lui venait me rebattre les oreilles avec ses problèmes de grille, ma sexualité et ma vie.
De quel droit ?
Sous prétexte qu'il me payait bien, L. se donnait le droit de régir ma vie.
J'avais face à moi une reine vieillissante qui s'arrogeait des droits.
"L., excusez-moi, mais cette année m'a fatigué, l'équipe est à cran. Nous avons vécu des moments merveilleux. Laissez nous à notre place. Pour une année encore. Nous verrons si nous tenons le succès et la route. Alors je vous promets que nous nous plierons à votre volonté.»
Je venais de flatter le boss.
Moi, le nain, je venais de faire ce que je détestais le plus au monde.
"Les audiences sont bonnes. La publicité rentre à nouveau. la coupe du Monde de Football a caronné. Pourquoi forcer le destin ? Attendons."
Point supplémentaire.
Je venais de toucher au porte-monnaie de la boîte.
"Bien le nain. Je prends bonne note de vos remarques et j'en parlerai au maître de maison. Nous déciderons ce qu'il y a de meilleur pour vous ...et pour nous bien sûr !"
Je sortais du bureau déçu par la réaction des supérieurs, mais certains d'avoir gagné.
Et puis pour ma sexualité, je m'en occupais très bien sans eux.

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