Et si les pédés ne mouraient pas que du Sida ?

Oui telle est la question !
C'est aussi celle que nous pose François Ozon dans son prochain film qui sort après demain ...
Sans doute l'un de ses meilleurs films d'ailleurs.
J'ai eu la grande chance de le voir il y a quelques jours et ça a été un vrai choc ...
Mon pote attaché de presse m'avait prévenu, on est bien loin du climat léger et primesautier de Huit Femmes.
Le cinéma de Ozon sombre dans le sombre.
"Le temps qui reste" ...
... A Romain, jeune photographe trentenaire et homo pour qui la vie bascule, quand il apprend au tout début du film qu'il va mourir.
La force d'Ozon, cinéaste gay qui parfois fait dans le cliché, c'est de ne pas nous servir un énième couplet sur le Sida.
C'eût été trop simple !
La force aussi au cinéaste de faire faire à Romain un coming out, mais non pas sur sexualité, mais plutôt sur sa maladie.
Il doit dès le début accepter sa maladie et la faire accepter à ses proches.
Il est comme beaucoup d'autres qui lui ressemblaient dans les années 80 : apprendre qu'on est séropo, ou cancéreux comme lui et affronter l'ineluctabilité de la chose.
Ce qui est beau dans ce film ce sont les paralléles des maladies. Qu'on ait le Sida ou une autre maladie dont l'issue est fatale, on passe par les mêmes stades : colére, désespoir, renonciation et pour beaucoup l'acceptation.
Parfois le combat.
Romain ne dit rien.
Il cherche juste à se réconcilier avec lui même avant de partir.
Il donne aussi aux autres.
A sa grand-mère, Jeanne Moreau, tellement belle dans ce film qu'on pourrait penser qu'elle a une mauvaise soeur jumelle qui lui fait de la mauvaise pub en jouant dans les Rois Maudits !
A Valéria Bruni Tedeschi en lui faisant un enfant...
Romain le gay avéré qui laissera quand même une trace de lui au travers de l'enfant qui restera ...
Ozon n'épargne rien à Melvil Poupaud.
Il l'a fait se muscler, puis maigrir pour signifier la maladie, il l'a fait aussi descendre dans une backroom pour une scéne de fist qui restera dans les annales ( pas de jeu de mot pour une fois mister Concombre).
Bref, du grand art qui va relancer la vente de Kleenex dans les salles obscures.
Le film s'achéve sur une plage abandonnée, très tard le soir...
... Tandis que son corps plonge dans le noir et que le soleil s'éteint en lui.
Au large on aurait pu espérer que pour Romain il y ait eu le bonheur en vue ...